On ne sait pas pour vous, mais de notre côté l’année 2020 avait commencé comme l’année 2019 s’était terminée… sur les chapeaux de roues ! Certes, nous n’avions pas encore de local dans lequel lancer nos activités, et nous ne prévoyions pas de pouvoir ouvrir avant la fin de l’année, une fois tous les financements trouvés et les travaux terminés.
Malgré cela, nous avions décidé de tirer profit des prochains mois et de la formidable flexibilité (ou liberté ?) dont nous disposions, du fait que nous n’étions pas encore “enchaînées” à un lieu physique dans lequel l’une de nous au moins devrait être présente plusieurs jours dans la semaine et pour lequel nous devrions commencer à payer des frais.
Concrètement, notre objectif était de fédérer non seulement les futurs usagers du lieu (coworkers, clients du futur café, formateurs, porteurs de projet…), mais aussi ses parties prenantes : ces associations, entrepreneurs, particuliers et collectivités que nous souhaitions associer à ce projet de territoire. Entre les ateliers “Journal du futur, Champigny 2030”, le projet Ecosystème ESS Champigny et les animations organisées à l’Atelier, notre calendrier des prochains mois commençait à bien se remplir… Et puis tout s’est arrêté.
Tiers quoi ?
Trois semaines après le début du confinement, nous avons comme changé de dimension, passant d’un quotidien parfois chaotique, rythmé par nos boulots “alimentaires” respectifs, de multiples rendez-vous programmés avec des partenaires potentiels ou actuels, la construction du projet et nos obligations familiales… à des journées confinées dont le planning s’est radicalement éclairci.
Passées la sidération et la nécessaire phase d’adaptation/acceptation (sur le plan matériel, mais aussi psychologique, celle-ci ci étant loin d’être terminée !), nous avons commencé naturellement à nous poser des questions sur “l’après” : à quand, et comment la sortie ? A quoi ressemblera le monde ? Quand pourrons-nous à nouveau faire tiers lieu, c’est-à-dire rencontrer, nous réunir pour mieux nous connaître, construire des projets ensemble, comme nous essayons de le faire depuis plusieurs mois et avions prévu de continuer de le faire cette année ?
Au final, aussi frustrant qu’il soit, le constat est que nous ne pouvons pas répondre à ces questions, pas plus que tous les experts (simili et réels) qui se succèdent dans les médias. En revanche, s’il est un aspect positif à retirer de cette période de brusque ralentissement de nos activités et vies, c’est sans doute le fait qu’elle nous oblige à revenir à une vérité basique que nous oublions souvent, pris dans le quotidien : nous ne pouvons agir ni sur le passé, ni sur le futur… uniquement sur le présent. Ce n’est qu’en acceptant cet état de fait que nous pourrons oublier la frustration actuelle pour retrouver notre pouvoir d’agir. Bien sûr, c’est un pouvoir d’agir contraint… Mais si ces mêmes contraintes nous poussent à en prendre conscience aujourd’hui, dans le présent, alors elles peuvent peut-être nous être bénéfiques, pour construire ici, maintenant, dans le présent ?
Comment faire ?
Et si, après que nous avons passé des mois à rechercher des financements pour ouvrir le futur local, ce temps de ralentissement nous donnait l’opportunité de nous recentrer sur la véritable raison d’être de L’Alternateur ? Car plus qu’un simple projet de lieu, L’Alternateur est un projet de “faire tiers lieu” : nous reconnecter entre nous, pour mieux nous connaître, apprendre, vivre, expérimenter et faire ensemble, pour construire le “monde d’après”.
La crise que nous vivons prouve avec force l’importance de la production locale, des commerces et services de proximité, des liens sociaux, de l’entraide, de la solidarité et de l’économie réelle. Autant de facteurs de résilience que L’Alternateur souhaite aider à renforcer au niveau local, en prévision des futurs chocs à venir, car il ne fait aucun doute que nous en connaîtrons d’autres, à court ou moyen terme. Aujourd’hui plus que jamais, la nécessité de développer une résilience locale semble essentielle, pas uniquement pour “éviter le pire”, mais pour développer un nouveau modèle de société qui permette avant tout d’améliorer le présent et de bâtir un futur dans lequel il sera beaucoup plus agréable de vivre, dans le respect de l’humain et de la nature.
Nous n’en sommes qu’au début encore de la réflexion et de « digestion » de nos conditions de vie en confinement, mais s’il y a une chose dont nous sommes convaincues, c’est qu’aujourd’hui encore plus qu’avant, nous avons besoin de faire tiers lieu pour co-construire un projet de résilience réaliste et adapté pour notre territoire. C’est pourquoi nous avons, comme beaucoup d’autres “collègues”, de l’univers des tiers lieux et d’autres, décidé de tirer parti des formidables outils en ligne que sont l’Internet, le téléphone (!) et autres Zoom, Jitsi et comparses. A défaut de remplacer la qualité de rencontres physiques, ces outils sont efficaces pour nous connecter et échanger.
Nous avons commencé doucement, en organisant des “cafés-coworking virtuels” deux fois par semaine, avec les coworkers, freelances et entrepreneurs membres des groupes Meetup de l’Atelier et de L’Alternateur. Nous nous retrouvons à l’heure du café du midi, le lundi et le vendredi, et nous parlons. Beaucoup. De nos quotidiens. De nos problématiques. Des questions que nous nous posons. Des solutions que nous avons trouvées pour faire du sport, faire l’école à nos enfants, continuer de travailler, nous occuper ou même ne rien faire. Ces moments sont très précieux, et aucune session ne ressemble à la précédente, d’autant que les gens viennent quand il·elle·s le peuvent, comme il·elle·s sont. Juste pour faire société.
Petit à petit, au bout de trois semaines de rendez-vous bihebdomadaires, des idées commencent à émerger : des envies d’ateliers, de présentations, de faire. Nous n’avons encore rien programmé, nous suivons juste le fil et nous observons où il nous mène… tout en appréciant la chaleur humaine, l’envie d’entraide et la bienveillance qui transparaissent dans les échanges. Soit précisément les qualités que nous aspirons à valoriser et diffuser en faisant tiers lieu.
Pour la suite, nous réfléchissons à la possibilité de proposer d’autres rendez-vous, pour élargir le premier cercle de participants (coworkers) et permettre à plus de personnes de participer. Nous réfléchissons aussi à la meilleure manière d’utiliser les outils que nous avons mis en place ces derniers mois, comme les ateliers “Journal du futur”, pour valoriser au mieux toutes les idées et projets qu’ils ont permis de faire émerger, et préparer dès aujourd’hui le terrain pour permettre leur mise en œuvre après la fin du confinement.
Les outils sont là, et nous nous sentons motivées. Et vous, où en êtes-vous ? Que vous soyez citoyen.ne, entrepreneur.e, salarié.e… Racontez-nous comment vous vivez cette période. Dites-nous comment vous travaillez ou ne travaillez pas, les liens que vous entretenez, les outils que vous utilisez… N’hésitez pas à venir faire société avec nous !
Pour plus d’informations sur nos cafés-coworking virtuels, consultez notre page Meetup ou contactez-moi.