Le projet de l’Alternateur est notamment inspiré du projet Reconomy de Totnes, qui vise à faire émerger une autre économie : locale, éthique, au service du bien-être des personnes. C’est pourquoi il nous a semblé pertinent de traduire cet article issu du site du projet Reconomy, qui définit précisément les types d’entreprises que nous voulons encourager dans le futur lieu.
Les principes ambitieux décrits ici forment la définition de ce que nous appelons une entreprise axée transition. Il nous semble en effet important de proposer une définition
- Pour mieux décrire et communiquer sur le type d’entreprises commerciales que nous souhaitons voir se créer, à savoir des entreprises qui soutiennent une économie locale dédiée à l’amélioration du bien-être et à la protection de l’environnement ;
- Pour mieux orienter nos ressources limitées ;
- Pour permettre à toute nouvelle entreprise d’intégrer les principes de cette définition dans son modèle économique dès sa création ; et donner la possibilité aux autres de s’y retrouver pour s’y inscrire pleinement.
Il va de soi que d’autres types d’entreprises commerciales peuvent également contribuer à la réalisation des objectifs de la Transition et de la REconomy : toute économie locale abrite un large éventail d’entreprises – et autant de modèles économiques – susceptibles de fournir la diversité nécessaire au renforcement de la résilience. Les entreprises privées à but lucratif et les entreprises sociales plus « classiques » en font également partie.
Dans le cadre de notre projet, nous avons choisi de nous concentrer sur les entreprises axées transition, parce qu’elles sont les plus à même de contribuer à la réalisation de nos objectifs, et aussi parce qu’elles sont sous-représentées dans l’écosystème économique. D’autres partenaires économiques locaux pourront apporter leur soutien à d’autres types d’entreprises.
Définition
Une entreprise axée transition est une entité commerciale financièrement viable qui répond à un besoin réel de la communauté, génère des avantages sociaux et a des impacts environnementaux positifs, ou à défaut neutres.
Dans cette définition, le terme « viable » signifie que l’entreprise n’engage pas plus de coûts qu’elle ne le peut. Elle peut recourir à des moyens de transaction alternatifs. Bien qu’il soit question d’entreprises et d’activités commerciales, beaucoup des éléments de notre définition peuvent également s’appliquer à des individus en train de se créer une activité de subsistance, qu’il s’agisse d’une structure commerciale ou non.
Plutôt que de chercher à maximiser leurs profits au bénéfice d’actionnaires externes ou de seulement créer des emplois, les entreprises axées transition au sens où nous les entendons appliquent des stratégies commerciales dans le but d’améliorer des conditions sociales et environnementales. Elles génèrent des emplois, mais aussi bien d’autres choses.
Il est clair que les entreprises axées transition ne pourront pas transformer l’économie locale à elles seules. Leur action doit être accompagnée par des changements d’ordre systémique, comme par exemple :
- l’instauration de systèmes de moyens d’échange alternatifs ou de stratégies de prix valorisant le capital naturel,
- le renforcement des collaborations entre les petites entreprises locales,
- la mise en place de pratiques d’économie circulaire sur le territoire, etc.
Principes
Ce schéma illustre les principes selon lesquels une entreprise axée transition doit chercher à fonctionner. Il ne s’agit pas d’imposer un schéma de certification à suivre dès la création : chaque entreprise suit un parcours qui lui est propre et qu’elle évalue régulièrement.
Renforcer la résilience de la communauté : l’objectif d’une entreprise axée transition est de contribuer à répondre aux principaux besoins de la communauté malgré un contexte économique instable, les pénuries d’énergie et de ressources et les impacts du dérèglement climatique global. Elle doit être résiliente et chercher à être financièrement soutenable et aussi indépendante que possible des sources de financement externes.
Exemples : en revendant des produits de saison, sains et à bas prix en direct, des entreprises alimentaires comme Norwich Farm Share et Stroudco aident les habitants de leur territoire à se reconnecter entre eux, à leur alimentation et à la nature.
Exploitation appropriée des ressources : une entreprise axée transition doit viser une exploitation appropriée et efficace des ressources naturelles, en respectant leurs limites et en réduisant et intégrant les flux de déchets produits dans sa gestion. Elle doit également limiter son usage des énergies fossiles et maximiser celui des sources d’énergie renouvelables.
Exemple : GroCycle, première entreprise à faire pousser des pleurotes à partir de marc de café collecté en local, est parvenue à réduire de manière significative sa consommation d’énergie par rapport aux méthodes de culture traditionnelles.
Au-delà des profits : plutôt que de simplement générer des profits au bénéfice de tiers, une entreprise axée transition vise à fournir des produits et services abordables et durables, ainsi que des moyens de subsistance décents. Si elle est profitable, elle réinvestit les profits pour un bénéfice supérieur au simple enrichissement des personnes.
Exemple : Repowering London est une entreprise qui appartient à la communauté locale. Les profits qu’elle génère à travers la vente d’énergie renouvelable reviennent à ses investisseurs locaux et sont investis dans des projets qui visent à réduire la précarité énergétique locale.
Appartenance à la communauté : une entreprise axée transition travaille à construire un bien commun, appartenant et contrôlé autant que possible par ses travailleurs, clients, locataires et communautés. Elle traite et rémunère tous ses travailleurs de manière équitable. Elle dispose de structures qui sont aussi ouvertes, équitables, démocratiques, inclusives et responsables que possible. Elle opère consciemment en tant que composante et actrice d’un système local collaboratif et mutuellement solidaire.
Exemple : le Comrie Development Trust est un ancien camp militaire repris et géré par des habitants locaux qui cherchent à y développer des nouvelles activités de commerce locales. Toute entreprise à but lucratif peut également choisir d’intégrer ces principes dans son fonctionnement, même si elle n’y est pas légalement tenue.
Échelle : que ce soit pour son approvisionnement, sa distribution ou ses interactions avec le reste de l’écosystème économique, l’entreprise axée transition fonctionne selon une échelle qui dépend de son environnement, des besoins auxquels elle répond et de son secteur d’activité. Son but n’est pas de croître sans fin. Elle approvisionne les habitants locaux en produits aussi locaux que possible, dans la mesure où cela est pertinent.
Exemple : la compagnie de bus écologiques Big Lemon, à Brighton, est une « Community Interest Company » (une entreprise d’intérêt communautaire de droit anglais). Les entreprises de ce type doivent travailler à l’échelle d’une ville ou d’une agglomération… Quand d’autres ne seront pertinentes qu’à un échelon régional ou national.
Pour connaître d’autres exemples d’entreprises axées transition, cliquez ici.
Plus qu’une définition, nous voyons dans cet article un ensemble de principes que ces nouvelles entreprises elles-mêmes peuvent aider à façonner. Il reste difficile d’entrevoir quelle sorte d’économie nous verrons émerger dans les prochaines années, ou encore quels types d’entreprises la Transition engendrera. Cependant, nous voyons dans le développement de ce type d’entreprise, même à petite échelle, un levier puissant de transformation de nos économies locales, et au-delà de notre système économique capitaliste et globalisé actuel.
Source (dernière mise à jour en octobre 2014) : http://reconomy.org/what-you-can-do/inspiring-enterprises/whats-a-transition-enterprise/
Je ressens que la REconomy est à la production de biens et services ce que les Oasis sont au logement et que les deux peuvent exister ensemble en un même lieu : mon rêve!